Je suis
vichyssois depuis quinze mois. J’ai vécu longtemps à Clermont-Ferrand (de 1984
à 2005) et je venais souvent à Vichy. C’est une ville que j’apprécie et que
j’ai choisie pour y vivre.
A aucun
moment je n’ai confondu la ville de Vichy et le Régime de Vichy. Je suis donc
surpris par l’importance du débat sur le risque de confusion, par l’idée que
l’image de Vichy serait ternie par le nom que l’on donne très souvent à l’Etat
Français. La communication du maire de Vichy, presque chaque jour, le
journal La Montagne, les réseaux sociaux reviennent régulièrement
sur le sujet, avec un temps fort, bien sûr, lors de l’anniversaire du vote de
la loi du 10 juillet 1940, en présence du président du Sénat.
Beaucoup
d’idées très intéressantes ont déjà été échangées sur ce sujet (parmi d’autres,
je pense en particulier aux contributions de Simon Rötig). Je m’en inspire
souvent car j’avoue que ma réflexion personnelle sur le sujet était
embryonnaire. Je croyais naïvement que la crise sanitaire, économique, sociale,
plaçait sur la pile des problèmes à traiter d’autres urgences.
Passons
rapidement sur les exagérations, toujours un peu ridicules. Personne ne pense
que les 25.000 vichyssois d’aujourd’hui sont « présumés coupables ».
Quant à la ville de Vichy, « victime expiatoire », qui serait
« prise en otage », soyons sérieux ! Des françaises et des français
ont été otages de terroristes, en pensant à eux ont devrait s’interdire
d’abuser de ce vocabulaire typique de la droite française, repris par la presse, et que beaucoup de nos concitoyens reprennent aussi, par paresse. Non les
grévistes ou les manifestants ne prennent personne en otage, ils exercent un
droit constitutionnel. Et Vichy n’est l’otage de personne, et n’a pas à "expier",
c’est-à-dire à être purifiée de la « souillure contractée par quelque
faute grave » (Littré).
Alors,
pourquoi tout ce bruit ?
Sincère, le
maire de Vichy croit-il que son opinion est largement partagée ? Il
devrait se renseigner, enquêter. Il découvrirait que, probablement, la majorité
les Vichyssois ont d’autres priorités.
Est-ce parce
que le maire de Vichy n’a pas grand-chose d’autre à dire ? Il ne parle que
de cela et il doit passer beaucoup de temps à traquer partout l’emploi des mots « Régime
de Vichy ». Cela l’oblige même à lire Clémentine Autain. On mesure le dévouement !
Est-ce pour
évacuer l’analyse de la période qui s’ouvre en 1940. Pour ne pas découvrir qu’à
Vichy, comme ailleurs, ni plus ni moins qu’ailleurs, malgré les actions
individuelles courageuses de tous bords, statistiquement, la majorité des
partis « de gauche » (deux tiers des députés socialistes, quatre cinquièmes des radicaux), tous les partis d’extrême-droite et de droite,
la hiérarchie catholique, le patronat, etc. soutenaient l’Etat Français
(Jacques Chapsal La Vie politique en France depuis 1940, PUF, p. 42
à 45).
Les députés
communistes étaient déjà en prison (ce que ne disent ni le maire de Vichy, ni
le Président du Sénat, ni La Montagne).
Je ne suis
pas un spécialiste, mais je me demande si, dans un futur musée, intégrer l’Etat
Français comme une étape, un épisode dans l’histoire de la ville de Vichy n’est
pas une mauvaise idée, si ce n'est pas le risque de dire le contraire de ce que l’on
voulait dire. L’Etat Français a sans doute sa place dans un musée national,
mais dans l'histoire de France, pas à l’intérieur de l’histoire de la ville de
Vichy … et pas obligatoirement à Vichy !
Les
communistes ont un passé douloureux, qu’ils analysent avec rigueur. Avec de
bonnes intentions, ils ont parfois instrumentalisé l’histoire. A Argenteuil, en
mars 1966, les communistes ont rompu avec ces pratiques, ils ont reconnu la
liberté de création des artistes et des intellectuels de toutes disciplines. Il
n’est pas bon que des responsables politiques, quels qu’ils soient, écrivent
l’histoire. Je pense donc qu’il serait préférable de confier à des historiens
la tâche de raconter l’histoire de Vichy.
Monsieur le
maire, Vichy et Vichy sont homonymes, ce n'est pas grave. Beaucoup de
Vichyssois, qui n'ont pas de jardin pour cultiver des soucis, ont, et ont eu, d'autres soucis, bien plus graves.
Merci pour ce billet. Mais permettez-moi un sérieux désaccord à votre souhait DE NE PAS VOIR un musée national sur la Collaboration A VICHY. Au contraire, c'est précisément ici à Vichy qu'il le faudrait. Cela aurait le mérite de voir un Vichy actuel être à la pointe du combat pour analyser Vichy 1940-44 et dire comment les élites cagoulardes et autres grands synarques ont détruit - sur ces lieux mêmes - la IIIème République, sur ces lieux où furent voter les pires lois liberticides. Personnellement j'ai écrit une fiction littéraire très documentée sur 1040-41 à Vichy. J'espère trouver une Maison d'édition pour rétablir quelques faits d'importance sur le Vichy de la Collaboration. Bien à vous.
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