Et si nous parlions des « charges de
l’employeur » (2)
François
Lenglet est un grand économiste. Fils de patron, il a commencé sa carrière dans
des journaux appartenant à SFR et à LVMH. C’est donc en toute indépendance
qu’il nous le dit : «le problème de la France c’est que les patrons
paient trop de charges». Tous ses confrères, sur toutes les chaînes de
télé, dans presque tous les journaux, disent la même chose.
Nous
allons donc poursuivre notre enquête, aujourd’hui à la recherche des patrons. Demain
nous rechercherons ces fameuses charges que paient les patrons.
Quand j’apprenais l’économie, on
parlait de cotisations patronales. Mais c’était il y a bien longtemps.
Aujourd’hui, ma pauvre dame ! il n’y a plus de patrons. Dans ma
jeunesse il y avait des patrons, et fiers de l’être. Et même avant ma jeunesse.
En 1936, la Confédération Générale du Patronat Français. Puis, en 1946, le
Conseil National du Patronat Français. Qui plus est, dirigés par de vrais
patrons.
Les patrons ont disparu en 1998.
Ils ont été remplacés par le Mouvement des Entreprises de France. C’est beau le
«mouvement des entreprises», on dirait qu’elles se déplacent toutes
seules. Les «entreprises en marche», ça ne peut que plaire à
Monsieur Macron. C’est surtout beau la communication. D’ailleurs le MEDEF a été
inventé par un énarque, qui était aussi baron, et qui habitait un château. Ce
baron a passé plus de temps dans les cabinets ministériels que dans une
entreprise. Son entreprise ne produisait pas grand-chose, elle
gérait la fortune de la famille. Ça s’appelle une « holding ».
Pourtant c’était un joli mot
latin, le patron. A Rome, le patron avait des clients (et des esclaves). Mais
les ouvriers, les syndicats, les communistes, ont abusé du joli mot de patron.
Ils l’ont sali, il fallait en changer. On a essayé chef d’entreprise. Mais
«chef», c’est pas très bien non plus. Aujourd’hui on dit
«employeur». Employeur c’est merveilleux, c’est celui qui donne du
travail (pardon, des emplois). D’ailleurs, si le but de l’employeur est de
donner du travail, on se demande pourquoi Monsieur Macron a facilité les
licenciements ! Mais, je m’en doutais un peu : l’économie est une
science difficile.
Dans ma jeunesse on parlait de
« cotisations », Littré nous dit que c’est une « contribution
par quote-part ». Aujourd’hui on parle de « charges » et Littré
nous dit que les charges sont « ce qui pèse » un « faix »,
un « fardeau ».
Il faut toujours se méfier des
manipulations du vocabulaire.
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