mardi 18 août 2020

Federico García Lorca

 Le 16 août 1936, Federico García Lorca a été arrêté par un député de droite, Ramon Ruiz Alonso ; le 19 août, il a été fusillé par des phalangistes franquistes.

Un jour, un jour 

Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime

Sa protestation ses chants et ses héros

Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux

A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

 

Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu

Emplissant tout à coup l'univers de silence

Contre les violents tourne la violence

Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

Ah je désespérais de mes frères sauvages

Je voyais je voyais l'avenir à genoux

La Bête triomphante et la pierre sur nous

Et le feu des soldats porté sur nos rivages

 

Quoi toujours ce serait par atroce marché

Un partage incessant que se font de la terre

Ente eux ces assassins que craignent les panthères

Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle

Des manières des rois et des fronts prosternés

Et l'enfant de la femme inutilement né

Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

 

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue

Le massacre toujours justifié d'idoles

Aux cadavres jeté ce manteau de paroles

Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

LOUIS ARAGON

 

lundi 10 août 2020

Les affaires de la cité (suite)

Nous avons recherché hier une trace des politiques municipales sur le site internet de la Ville de Vichy. Nous avons découvert le Cabinet BERENICE. Nous espérons que les préconisations de ce cabinet ne vont pas se traduire par des travaux inutiles et coûteux confiés à ADVI PROM, ou à l’une des nombreuses sociétés que dirige le même PDG.

Nous avons essayé cependant de répondre au questionnaire. Il nous a semblé d’une grande banalité (mais c’est sans doute que nous ne sommes pas spécialistes, trop provinciaux). Ce questionnaire ressemble à quelque chose qui est depuis longtemps dans les tiroirs de BERENICE et qui a déjà été vendu plusieurs fois. A plusieurs endroits, ce fameux Cabinet, prestigieux sans doute, n’a même pas complètement traduit de l’anglais le détail des questions posées. Un cabinet auvergnat, à la fin du questionnaire, aurait probablement écrit : «merci pour vos réponses». C’est ce qu’on dit dans «les territoires». BERENICE nous dit : «Your response has been recorded. Submit another response». Il faut reconnaître que ça a une autre gueule!

Mais, malgré notre timidité, due à notre inculture, nous nous posons une question : que peut bien valoir un questionnaire auquel la même personne peut répondre plusieurs fois ?

*

Face a ce Cabinet BERENICE, qui habite le XVIe arrondissement de Paris, je me sens tout petit. Je pense à cette phrase du merveilleux Henri Calet, dans Les Grandes Largeurs :

« Je descends à l’Etoile.

Oui, j’aime les vastes et longues avenues qui partent de l’Arc de triomphe, ou qui y aboutissent ; j’aime leurs noms. Il souffle continûment par là une brise de gloire et d’éternité qui ne vient pas dans nos rues où l’on prend, petit à petit, l’habitude de regarder les hommes et les choses par le gros bout de la lorgnette. C’est ce qui nous fait le plus défaut : une certaine ampleur de vue, une certaine élévation de caractère et aussi un certain sens historique. On dirait que nous ne pouvons nous retenir de ramener les événements et leurs causes à notre taille et à notre entendement ; nous sommes de petites gens, en vérité.

S’il nous était permis de nous installer à demeure dans ces quartiers élégants, peut-être, dans cette climature, deviendrions-nous rapidement des personnes présentables. Je crois au tellurisme. Nous finirions par acquérir des pensées neuves et bourgeoises, correctes pour le moins, comme sur mesures, au lieu de ces idées de confection que nous portons. »

dimanche 9 août 2020

Politique : les affaires de la cité (du grec "polis")

 

Le rôle d’un parti politique, dans le contexte de la ville de Vichy et de la Communauté, devrait être de donner son avis sur les politiques publiques.

D’abord, soutenir les actions utiles. Heureusement il y en a un certain nombre, c’est sans doute là l’origine de « la prime au maire sortant ».

Ensuite, critiquer les actions insuffisantes, mal conduites ou contraires à l’intérêt général.

Enfin, proposer ce qui nous paraît nécessaire pour la population, pour l’intérêt général et pour celles et ceux qui sont particulièrement confrontés aux difficultés actuelles et que nous avons choisi de défendre en priorité.

 

Mais pour cela, encore faudrait-il qu’il y eût des politiques publiques mises en œuvre et que nous en fussions informés.

 

Certes, nous sommes au mois d’août. Mais, en pleine crise économique, sociale, sanitaire, nous aimerions que l’activité politique (au sens noble du terme) soit un peu plus intense.

 

Cependant, nous sommes allés chercher les traces de cette activité.

 

Site internet de la ville de Vichy

 

Le projet « Vacances apprenantes » au Parc du soleil est une bonne idée.

 

Le Plan de prévention Canicule 2020 est indispensable. Mais la formulation n’est pas très claire. Faut-il signaler les personnes à risque ? Ne serait-il pas plus utile d’intervenir de façon volontariste ? Les personnes les plus à risque sont celles qui n’ont plus de lien social et pour lesquelles un signalement est peu probable.

 

L’enquête Grand Marché de Vichy est, pour le moment, assez mystérieuse. Elle est confiée au Cabinet BERENICE, qui occupe un immeuble en pierres de taille dans le XVIe arrondissement de Paris. Drôle de façon de favoriser l’économie locale.

L’équipe de BERENICE comporte huit hommes pour quatre femmes, tous les dirigeants sont des hommes, les consultants sont majoritairement des hommes (2 sur 3), les femmes sont majoritaires chez les attaché(e)s (2 sur 3) et, bien sûr, l’inévitable secrétaire (pardon, « assistante »). Ne pas écraser les faibles femmes sous les responsabilités, c’est sans doute ce que l’on appelle, chez BERENICE, la responsabilité sociétale des entreprises.

Le Cabinet BERENICE a aussi un « Géomaticien ». Nous ne doutons pas du caractère indispensable de cette fonction pour faire un plan du Grand Marché !

Quant au grand patron de BERENICE, qui est aussi le patron de ADVI PROM, promoteur immobilier, rue du Faubourg Saint-Honoré (excusez du peu !), il est intéressant de voir avec quel mépris il traite les élus locaux sur le site de Chamrousse Ensemble : https://www.chamrousseensemble.com/etat-des-lieux.html.

Nous aimerions donner notre avis sur le marché passé avec BERENICE, mais le site internet de la Ville de Vichy ne donne aucune liste de marchés postérieurs à 2014.

 

A suivre ?

jeudi 6 août 2020

Le Liban et la politique spectacle


Beyrouth vit une tragédie. Unanimement, les français manifestent leur sympathie au peuple libanais. En notre nom, Frédéric Roussel a exprimé la solidarité des communistes.

Des secours, en moyens humains et matériels, ont été envoyés par la France.

Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur la crise politique, économique, sociale que connaît le Liban. On pourrait aussi parler du rôle et de la responsabilité de la France. Mais ce n’est pas le moment.

Le Président de la République, Monsieur Macron, se rend au Liban aujourd’hui. Et le maire de Vichy approuve. Il « retweete » l’information en ajoutant « c’est bien ».

Dans un pays endeuillé, en pleine crise, notamment sanitaire, M. Macron ne pouvait-il pas s’entretenir avec les responsables libanais par visioconférence ou par téléphone ? L’argent que va coûter ce voyage ne serait-il pas plus utile aux services de secours, médicaux et sociaux du Liban ? Les moyens militaires, policiers, les « officiels » qui vont accompagner le chef de l’Etat français ne seraient-ils pas plus utiles sur le terrain de la catastrophe ?

Mais notre Président de la République, soutenu dans ce domaine par le maire de Vichy, a choisi la politique spectacle.

Nous aurons droit à quelques tweets plein d’émotion. Le maire de Vichy les retweetera.


mercredi 5 août 2020

Abolition des privilèges ?

4 août 1789 – 4 août 2020 : abolition des privilèges ?

 

Sarkozy, Cahuzac, Balkany, Guérini… la liste serait longue et incomplète, à « gauche » et à droite. Wikipédia a tenté un inventaire assez impressionnant dans l’article : « Liste d'affaires politico-financières françaises ».

Il ne faut pas sous-estimer la gravité de ces affaires, au-delà de l’indignation du moment. C’est toute la vie politique, toute la démocratie qui est atteinte.

Mais ce qui frappe le plus, ce sont les nombreux avocats, les procédures sans fin, les appels, les recours en cassation. On a l’impression que rien ne sera jugé. Et quand, longtemps après, une condamnation arrive enfin, la peine n’est pas appliquée … ou si peu. Cela contraste évidemment avec la condamnation rapide des syndicalistes, des « jeunes », surtout quand ils sont de « banlieue ».

 

Certains, que l’on veut détourner de la politique, prennent l’information continue pour la réalité. Ils croient que les « affaires » sont une caractéristique du monde contemporain.

 

Lisons (ou relisons) Balzac qui écrivait en 1830 dans La Peau de Chagrin, au moment ou le banquier Taillefer se réjouit de la fortune héritée par Raphaël de Valentin :

- Bravo ! répliqua Taillefer. Vous comprenez la fortune, elle est un brevet d'impertinence. Vous êtes des nôtres ! Messieurs, buvons à la puissance de l'or. M. de Valentin, devenu six fois millionnaire, arrive au pouvoir. Il est roi, il peut tout, il est au-dessus de tout, comme sont tous les riches. Pour lui, désormais, LES FRANÇAIS SONT EGAUX DEVANT LA LOI est un mensonge inscrit en tête de la Charte. Il n'obéira plus aux lois, les lois lui obéiront. Il n'y a pas d'échafaud, pas de bourreaux pour les millionnaires !


mardi 4 août 2020

Et si nous parlions des « charges de l’employeur » (6)


On va donc créer un nouveau contrat jeune. On va diminuer les salaires (le salaire indirect) avec une soi-disant diminution des « charges de l’employeur ».

Mais nous sommes dans une situation exceptionnelle. Une crise économique et sociale grave est devant nous. Les entreprises ont été fragilisées par le confinement, c’est incontestable.

Ne soyons pas obtus, les entreprises ont besoin d’aide et pour créer des emplois on va aider celles qui embauchent vraiment. D’ailleurs le Président l’a dit le 14 juillet : « le dispositif exceptionnel d'exonération des charges pour les jeunes […] on va l'évaluer.

Là se trouve, enfin, le changement prévu. Le nouveau cours du quinquennat. On ne va plus donner d’argent sans contrôle, sans contrepartie.

Et là, du coup, le Président a raison de dire « il y a un nouveau chemin, une nouvelle méthode ».

Cette nouvelle méthode, la voici, exposée lors de l’interview du 14 juillet :
« Léa SALAMÉ
… mais vous allez les contraindre par la loi [les entreprises] ?
Emmanuel MACRON
On les incite. Alors, il faut faire très attention en cette matière parce qu'avec des bonnes intentions, on finit avec le pire, si on les contraint par la loi. On va les suivre, on va les inciter, on va là aussi par le dialogue et la construction. »

Voilà enfin l’extraordinaire changement de la deuxième partie du quinquennat que nous attendions tous : les entreprises vont pouvoir diminuer les salaires (= exonération des « charges de l’employeur ») et, si elles en abusent, c'est promis, on leur fera les gros yeux.

dimanche 2 août 2020


Et si nous parlions des « charges de l’employeur » (5)


Une entreprise a un chiffre d’affaire, c’est le montant de ses ventes.
Elle paie des matières premières et des frais généraux.
La différence (ventes moins frais), c’est la valeur ajoutée, la richesse produite.

La valeur ajoutée sert à payer des impôts (de moins en moins pour les entreprises), des salaires, des investissements et des profits.

Pour se développer, l’entreprise pourrait vendre plus, ou investir. Mais pour cela il faudrait qu’elle ait des clients, des clients qui puissent dépenser. Retournez vos poches, l’affaire est réglée. Les clients que nous sommes n’ont pas d’argent. Alors, au lieu de développer l’activité en donnant de l’argent à ceux qui pourraient acheter (par exemple en augmentant les salaires) on donne de l’argent public aux entreprises. Ce faux « libéralisme », un ancien ministre communiste l’avait appelé « les béquilles du capital ».

Et donc la seule solution pour augmenter les profits, ou les dividendes (la fameuse « marge des entreprises ») c’est de diminuer les salaires. Mais diminuer les salaires directs, malgré la propagande des « économistes » des chaînes de télé, c’est difficile. Alors on diminue les salaires indirects. Et on appelle cela une « exonération de charges ». C’est merveilleux. On ne dit pas que « c’est pour diminuer le salaire indirect », c’est-à-dire les retraites ou les moyens de l’hôpital, on dit que « c’est pour créer des emplois ».

C’est dans le vocabulaire qu’est la clé du problème. Si vous êtes un patron, et que vous dites, avec en fond sonore quelques violons, avec un sourire angélique, avec une larme à l’œil : « il faut reconstituer les marges des entreprises » : tout le monde est séduit.
En revanche, si vous êtes salarié, et que vous dites : « c’est la lutte des classes », vous faites peur.

Merveille du langage.

Et pourtant, dans les deux cas c’est la même chose. Sauf que, si vous êtes conscient que le langage sert à vous manipuler, vous avez une chance de vous défendre.

A suivre…


samedi 1 août 2020


Ni amalgame, ni révisionnisme


Dans ce blog (voir l’entrée du 18 juillet 2020) nous avons déjà donné notre opinion sur la question de la confusion entre le « Régime de Vichy » et la ville de Vichy.

L’activisme du maire de Vichy sur ce sujet porte ses fruits. Le Président du Sénat, dans une lettre au Premier Ministre, décrit la « souffrance des vichyssois » qui « portent sur leurs épaules » « la trahison d’un « Etat » ayant renié les valeurs de la République ». Il ajoute, à propos des quatre-vingts parlementaires qui ont dit NON à Pétain, qu’ils « devinrent les premiers résistants ».

Tant mieux pour la ville de Vichy si le risque d’amalgame peut disparaître (même s’il nous arrive de penser qu’à force de ne parler que de cela on risque de provoquer l’effet contraire chez toutes celles et ceux qui n’ont jamais confondu Vichy et l’Etat Français, et qui n’y ont même jamais pensé).

Mais rejeter l’amalgame, rappeler ce qu’était l’Etat Français, ne doit pas conduire à cette forme de « révisionnisme », qui consiste à récrire l’histoire pour des objectifs politiques, en choisissant les seuls faits qui nous arrangent.

Oui, Monsieur le Président du Sénat, les quatre-vingts parlementaires qui ont dit non aux pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, le 10 juillet 1940, étaient des hommes courageux.

Non, Monsieur le Président du Sénat, ils n’étaient pas « les premiers résistants », le Général de Gaulle s’était envolé vers Londres, à bord du Havilland Flamingo, dès le 17 juin 1940.

Non, Monsieur le Président du Sénat, ils n’étaient pas « les premiers résistants », les parlementaires communistes ont été déchus de leur mandat dès le 21 janvier 1940, condamnés et emprisonnés le 3 avril. Dès juin 1940, les premiers sabotages de la résistance ont eu lieu. Etienne Achavanne, a été, le 4 juillet 1940, le premier résistant fusillé.

Enfin, pour être précis, il faudrait peut-être rappeler que les quatre-vingts hommes courageux qui se sont opposés à la fin de la République n’étaient pas représentatifs de leurs partis qui, majoritairement, ont soutenu l’installation de l’Etat Français.

Dans cette liste des quatre-vingts il serait bon de rappeler les noms de Marx Dormoy, Eugène Jardon, Isidore Thivier, élus de l’Allier, tous résistants.

Et puis il serait bon, de temps en temps, de parler aussi des cinq-cent-soixante-neuf parlementaires (!) qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain. Même si, dans cette liste, les cinq parlementaires de l’Allier ne méritent que notre oubli.

Soyons un peu plus modestes

  Ces jours-ci, on entend beaucoup de critiques à l’encontre de la monarchie britannique. JLM est un des plus virulents. Que ce soit clair...