Emmanuel
Macron l’a dit, nous allons nous réinventer, lui le premier. Mais,
naturellement, nous n’allons pas changer de politique. Alors, nous allons
changer de vocabulaire. Nous allons maintenant nous appuyer sur les territoires.
Pour
être moderne, j’ai eu la curiosité d’aller voir ce que c’est qu’un territoire.
Le mot
latin territorium a donné, très naturellement, le mot terroir en
français. Mais terroir est un dérivé « populaire », un peu paysan. En
1278 apparaît un dérivé savant du même mot latin : le territoire. C’est la
même chose, mais c’est nouveau. C’est comme le changement chez Macron. Les
énarques de l’époque, pardon ! les clercs, avaient besoin de modernité. Giuseppe
Tomasi di Lampedusa le disait déjà dans Le Guépard, tout changer pour
que rien ne change.
Le
premier ministre, Jean Castex, vient de la France des territoires. Je suis un
peu débutant, un peu naïf, et je me suis demandé d’où venait Edouard Philippe.
Je croyais bêtement que Le Havre était aussi dans un territoire. Puis je me
suis souvenu que Le Havre a été très longtemps une ville communiste qui, comme
chacun sait, est le parti de l’étranger. Il est donc normal que Le Havre
subisse un séjour au purgatoire avant de redevenir un territoire.
Dans le
Trésor de la langue française, j’ai trouvé un sens très intéressant du mot
territoire, lié à la colonisation. Un peu d’autonomie dans beaucoup de
centralisation. J’ai pensé aux Territoires palestiniens, une peau de
chagrin, trouée par des « implantations ». Les territoires français sont
aussi troués par l’implantation de quelques entreprises « multinationales »
qui prennent leurs ordres, et paient leurs faibles impôts, ailleurs que dans le
territoire.
Vichy
dans l’Allier, le Bourbonnais, l’Auvergne ? Mais vous n’y pensez pas !
Un département, des provinces, c’est ringard. Vichy est dans les territoires.
Quant à
m’appuyer sur un territoire, je n’y suis pas arrivé. Je n’ai réussi qu’à m’y
coucher. J’ai encore beaucoup à apprendre.
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